Scénario prospectif 2050 : L'école du Nous

Dans le cadre du projet Butterfly 2050, organisé par le Secrétariat Général Pour l'Investissement, notre équipe a conçu un scénario d'école désirable et réaliste. Découvrez-le ci-dessous.

L'école du Nous'

Il sent son cœur rebondir contre sa cage thoracique, comme s'il voulait à tout prix se libérer. Les bras le long du corps, il serre les poings jusqu’à ce que ses ongles laissent des marques sur ses paumes. Il porte son kimono blanc fraîchement lavé par sa mère, orné de sa ceinture marron. Il a du mal à discerner les sons jusqu’au moment où il entend le commentateur prendre la parole : “Veuillez accueillir le deuxième judoka de la finale des minimes : Matheus Esteves !”. La foule crie, et il parvient à distinguer les voix de ses parents. Il s’avance sur le tatami et regarde son adversaire.

Matheus attend que celui-ci fasse le premier geste, il se rappelle des conseils de son mentor : “Attends que ton opposant t’attaque pour riposter”. À ce moment précis, son adversaire se rapproche et tente de le faire tomber au sol. Le jeune judoka résiste quand tout à coup, son rival change de tactique et le fait chuter par les jambes. Matheus est au sol, tout est noir et il sent une douleur immense au niveau de son dos. Alors qu’un cri de souffrance s’apprête à franchir la barrière de ses lèvres, il ouvre soudainement les yeux.

Il regarde autour de lui et reconnaît le tissu familier de son oreiller. La porte s’ouvre vivement et sa mère entre dans sa chambre. “Encore un cauchemar ?” demande-t-elle. Matheus hoche la tête. Elle lui dit de prendre ses médicaments, de s’habiller et de les rejoindre pour le petit-déjeuner. Il enfile un jogging et un t-shirt et se dirige vers la salle à manger. Matheus a la nausée, il ne peut rien avaler. En sortant de la maison, son père lui demande s’il est prêt pour sa première journée dans sa nouvelle école. Matheus ne répond pas mais se force à esquisser un sourire pour rassurer ses parents. Ils sont dans la voiture, Matheus entend la voix de sa mère mais il est incapable de déchiffrer ses phrases. Il est perturbé par le fait de devoir retourner dans une école. Il n’a jamais été à l’aise dans le milieu scolaire, a toujours redouté la difficulté des examens, et se sentait très bien dans son école pour athlètes. Son père allume la radio. Le présentateur anime une table ronde sur la réforme de l’éducation. Matheus écoute attentivement pour éviter de penser.

Une voix rauque et affirmée se fait entendre : “L’histoire de l’éducation n’est pas un long fleuve tranquille, mais un itinéraire parsemé de méandres, nourri par de nombreux affluents” commence-t-il “C’est en 2025, après deux siècles d’une éducation fondée sur les savoirs et l’autorité, que le changement s’est amorcé par une proposition inattendue du ministère de l’Éducation nationale de l’époque. Les élèves, les enseignants, les administrations et les parents se sont vu proposer d’intégrer des groupes de consultation dans lesquels ils imaginaient l’école de 2050. Ces groupes avaient ensuite la possibilité d’expérimenter leurs idées localement dans leurs établissements. En parallèle, des pédagogies actives, respectant les besoins des enfants et adaptées au fonctionnement de leur cerveau, furent intégrées à la formation des enseignants, qui ont pu les expérimenter et pérenniser leur mise en place. Le ministère a partagé les différentes innovations pédagogiques expérimentées et a mis au point des ressources de formation pour faciliter leur diffusion. L’école d’aujourd’hui est le résultat de milliers d’itérations, d’ajustements et d’innovations, fondées sur les besoins et l’intelligence collective de ses acteurs”. La voiture s’arrête et le jeune adolescent réalise qu’ils sont arrivés.

Il entre dans l’établissement la boule au ventre. Matheus observe les alentours...

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